Reportages radiophoniques fidèlement retranscrits.
Portraits de femmes de conditions sociales et de générations différentes, au parcours de vie souvent considéré à la marge.
Ces femmes témoignent d’une liberté d’agir et de penser. Chacune a un rapport particulier à l’argent dans la volonté d’en acquérir par elles-mêmes et pour elles-mêmes. Ce n’est pas une apologie du délit sinon celle de la désobéissance, une rébellion à petite échelle face à la loi.
L’humour dévoilé évite toute tentation de jugement moral et honore la poésie du langage parlé.
À l’heure de la collation se joue un dialogue au micro entre deux comédiennes à tour de rôle journaliste et interviewée.
Un fil se tend entre le réel et la fiction.

« […] une pièce majeure dans la compréhension de notre époque, donnant à entendre des témoignages de femmes qui se livrent, sans les fantasmer, sans les idéaliser, sans les réduire à la case immuable d’héroïnes ou de criminelles. » YEGGMAG

À partir du roman éponyme d’Elfriede Jelinek, Marine Bachelot Nguyen, autrice associée à la dramaturgie du spectacle, a composé une partition sonore pour deux interprètes féminines tout en préservant la langue originelle, la rythmique et la poésie de l’écriture. Cette langue si particulière dépeint une réalité sans cesse soumise à une distorsion en utilisant l’art de la métaphore.

L’œuvre d’Elfried Jelinek dresse les portraits de brigitte et paula dont l’enfance est hantée par la brutalité, l’abandon ou la folie. Un univers obsessionnel duquel il semblerait peu possible de s’échapper. Dans les amantes une tension profonde se noue entre Conservatisme et Modernité, Tradition et non Conformisme.
Dans ce monde-là pour s’en sortir quand on est femme, il n’y a pas deux solutions : il faut avoir un homme. Et, pour avoir un homme, il n’y a pas deux solutions non plus : il faut se faire faire un enfant.

A travers Les amantes – version brute la compagnie a le désir de parler d’ici, de maintenant, de blessures, de médiocrité, de masques, de mensonges de l’horreur de la violence et de la folie, peut être pour faire face à notre possible monstruosité, avec la poésie comme arme mais aussi comme un baume.
La rencontre avec le roman « Les amantes » et l’envie d’en faire un spectacle ont eu lieu non seulement pour la justesse et la finesse du questionnement d’Elfriede Jelinek sur notre monde, mais aussi pour sa façon remarquable de l’écrire, de son intelligence du propos, l’usage de la dérision comme "électrochoc".
Il ne s’agit pas d’une chronique sociale. L’œuvre Les amantes est une véritable tragédie moderne. 

La compagnie défend cette écriture féministe revendiquée avec rage, qui démonte les mécanismes économiques, politiques et sexuels des relations entre les hommes et les femmes, renvoyant bourreaux et victimes dos à dos refusant toute psychologie.
Elfriede Jelinek détourne les poncifs des romans sentimentaux à l’eau de rose pour écrire une histoire au vitriol. L’autrice ne donne pas de majuscule à ses héroïnes, à rien ni à personne d’ailleurs. Tout est ainsi aplati et dévalorisé.
Très vite le ton est donné, ironique et subtilement grinçant.